L’ostéopathie est le fruit de l’apport successif de plusieurs grands noms. Tout d’abord, bien sur, A. T. Still qui a posé les bases d’une nouvelle approche de la santé, associant rigueur scientifique et philosophie. Dans la foulée, W G Sutherland étend le concept au crâne et à son mouvement de  » marée « .  Puis Little John qui, heureusement pour nous, a exporté le concept outre Atlantique.

À ces grands noms, j’associerai personnellement celui de Pierre Tricot, ostéopathe et enseignant. Il a développé le concept d’approche tissulaire qu’il continue de faire évoluer. Ses apports à l’ostéopathie sont tels, qu’il nous fait basculer dans un nouveau paradigme où la matière vivante se comprend totalement différemment. Pour moi, trois pivots primordiaux se dégagent de son enseignement.

Le premier, est, à la suite de ses traductions de Still et de Sutherland, d’avoir une révélation de ce que pouvait être l’ostéopathie originelle. « Il émane d’eux un souffle extraordinaire  » dira t-il dans  » Héritier de Still  » * , ce qui lui a permis de sortir de la direction que prenait l’ostéopathie, à savoir un essai de copie conforme de la médecine. C’est en lisant Still avec les yeux de Pierre, que j’ai compris que les très fréquentes allusions à Dieu ou au Grand architecte et leurs créatures parfaites, n’étaient que les métaphores de l’équilibre, moteur de l’auto-guérison. Métaphores quasi obligatoires en cette fin de 19° siècle, peut être. De ce fait, l’ostéopathie peut se voir sans complexe comme une science de la santé à part entière, et les écrits de Still, apparaissent alors d’une richesse extraordinaire. L’auto-guérison est toujours un des principes premier de l’ostéopathie aujourd’hui.

Le deuxième, est d’avoir compris que la vie est une association de deux univers. L’univers objectif, celui de notre structure, de ce que l’on peut percevoir avec nos mains, et d’un univers spirituel (à comprendre comme venant de l’esprit).

Avec son esprit pragmatique, il a compris que nous utilisions naturellement deux types d’outils : les outils de la structure, nos mains, l’anatomie avec leurs caractéristiques, vitesse, densité et les outils de la conscience et le mental avec ses propres caractéristique que sont la présence, l’attention et l’intention. Personne avant lui et à ma connaissance, n’avait si clairement décrypté nos actions. Tous les auteurs que j’ai pu lire parlent de leurs ressentis, de leurs expériences, personne ne dit comment il fait pour ressentir.

Cela nous amène directement au troisième pivot. Avec cette façon claire de concevoir l’approche ostéopathique et d’en dégager le comment de façon ultra-organisée, c’est tout naturellement qu’il se dirige vers l’enseignement. Et là, moi qui ai suivi plusieurs fois ces séminaires, je peux vous affirmer qu’avec Pierre, tout est clair! Dans mon site je le présente comme celui qui réussit à expliquer l’inexplicable. En effet, comment présenter de manière cohérente au cartésien obtus que j’étais, les principes de la communication tissulaire ? L’échange d’information entre un patient et son praticien par le touché ? « Seuls les tissus savent » écrit Rolin Becker, je rajouterais, seul Pierre Tricot l’a compris au point de l’expliquer et de le transmettre.

Bruno Mitaine, ostéopathe DO