La physique quantique nous dit qu’une particule peut se trouver en tout point de l’univers en même temps, mais que si l’on cherche à la localiser, elle prendra une place et une seule. Bon, aussi étrange que cela puisse paraître, on fait confiance, car aucune expérience n’a, à ce jour, pris cette physique en défaut. C’est une conception qui est totalement étrangère à ce que l’on vit et constate chaque jour. Mais depuis Galilée, nous savons que l’apparence est trompeuse. (Cf Universalité de la chute libre*). Et ce qui paraît évident ne l’est pas systématiquement.

Partant de ce principe, tout objet que nous pouvons voir, toucher, mesurer, semble bien se trouver à sa place, unique et devant nous. Pourtant, il est composé de ces mêmes particules qui obéissent aux lois de cette physique quantique.

Tout se passe comme si la matière, lorsque personne ne la regarde ou ne la cherche, n’était qu’une multitude de champs d’énergie disséminés dans tout l’espace. Et, lorsque je la vois, elle prend immédiatement une place unique. Elle devient une émergence, une fluctuation, une densification de ces champs, un état qui lui donne corps à nos sens.

Le monde des vivants fait partie de cet univers. Il est composé des mêmes particules organisées par les mêmes lois. Nous pouvons donc conclure que nous sommes des fluctuations quantiques de cet univers, une densification de l’énergie qui nous donne la sensation d’être. Être devient alors une émergence. Être, c’est émerger, c’est donner une cohérence aux champs d’énergie.

J’ai calculé le volume que remplirait l’ensemble de nos particules si elles pouvaient se toucher. Nous sommes composés d’atomes faits de protons, de neutrons et d’électrons. Ceux-ci sont espacés entre eux et constituent notre volume apparent. Si, d’aventure, ces particules pouvaient se toucher, elles empliraient un volume 700 millions de fois plus petit qu’une tête d’épingle ! Faites le calcul et vous verrez.

On peut donc en déduire que la matière est essentiellement composée de vide ! De quasi vide et d’énergie ! C’est en fait l’énergie liée à ce presque vide qui constitue notre apparence. Et lorsque je touche un morceau de bois, ce n’est pas la matière qui arrête mon doigt, (la matière est faite de vide et je devrais passer à travers sans problème), c’est l’organisation de champs d’énergie autour de la matière qui l’arrête.

Notre apparence est de ce fait, en réalité un champ de force en cohésion qui prend appui sur quelques particules. De la même façon que deux aimants se repoussent lorsqu’on les approche par leur même pôle. On sent une résistance très nette, mais on peut passer sans aucun problème un stylo entre les deux ! Si ces champs n’existaient pas, je pourrais aisément passer au travers d’un mur sans rencontrer de résistance. La probabilité que deux particules, une des miennes et une du mur se rencontrent est quasi nulle, tellement nos structures sont faites de vide!

Alors qu’est-ce que cela change dans notre abord du contact, du toucher, de la pratique de l’ostéopathie ?

Nous savons que l’intention, dans notre pratique (et partout ailleurs), est une qualité maîtresse. Si le modèle, l’image que nous nous faisons d’un être vivant, se rapproche d’une réalité, alors nos actions auront plus de chances de nous apporter une réponse utilisable.  Pensons “champs d’énergie” et nous aurons des résultats de champs d’énergie. Pensons seulement “structure”, et nous n’aurons que des résultats de structure. La conscience de nous-même en tant que praticien et de notre patient prend ici toute son importance.

Si l’ostéopathie est envisagée comme une libération du mouvement entre deux structures, il n’est pas nécessaire d’aller plus loin, cela se respecte. Maintenant, si l’on considère que l’humain utilise un corps pour réaliser ses désirs, il apparaît évident d’utiliser un modèle plus complet. Un modèle qui considère ce que nous sommes, une fabuleuse organisation de champs autour de particules, avec une direction et des freins.

L’exemple de la physique quantique n’est là que pour étayer mon propos, que pour montrer que le bon sens et l’évidence sont des pièges dans lesquels il est facile de tomber et que la véritable nature de la vie est bien plus surprenante encore que ce que nous montrent des approches basées sur des faits vérifiables et reproductibles. Je tiens beaucoup à la place que peuvent prendre des réflexions issues d’hypothèses pour peu que celles-ci reposent sur des bases éprouvées. En résumé, l’humain est avant tout un esprit qui utilise un corps pour satisfaire ses désirs. Ce corps à des besoins, notamment en énergie et des limites physiques que l’esprit doit intégrer et qui viennent restreindre les possibilités infinies du mental. C’est un équilibre subtil que nous passons une vie à chercher et qui en fait tout l’attrait.

Bruno Mitaine, ostéopathe DO