Imaginez un instant que chaque mouvement, chaque geste que nous faisons soit imprégné de la richesse de nos expériences passées, sculpté par les souvenirs enfouis dans les tréfonds de notre mémoire. Lorsqu’une lésion ostéopathique survient, elle ne se contente pas de perturber notre mobilité physique ; elle révèle une histoire complexe, inscrite dans notre mémoire. Dans cet article, nous allons explorer ensemble comment les lésions ostéopathiques s’entrelacent avec les différentes strates de la mémoire, dévoilant ainsi un univers où le physique et le psychique sont indissociablement liés.

La lésion ostéopathique, caractérisée par une diminution de mobilité, est souvent perçue comme une simple conséquence physique. Pourtant, elle est intimement liée à notre système nerveux central (SNC) et, par extension, à notre mémoire. Les stimuli qui déclenchent ces lésions ne sont pas seulement physiques ; ils sont aussi mémoriels, convoquant des réponses corporelles qui reflètent nos expériences passées. Cela nous amène à considérer la mémoire non pas comme un simple entrepôt de souvenirs, mais, lié à l’émotion, comme un acteur majeur dans la dynamique de la vie.

La mémoire humaine se décline en plusieurs formes, chacune jouant un rôle clé dans notre vécu corporel. La mémoire de travail, par exemple, traite l’information présente et immédiate. La mémoire épisodique, quant à elle, archive nos expériences personnelles, peignant un tableau riche de nos vécus émotionnels et physiques. La mémoire sémantique stocke les connaissances générales et les faits, formant la toile de fond de notre compréhension du monde. La mémoire procédurale gère nos habiletés et nos actions, orchestrant silencieusement nos mouvements quotidiens. Enfin, la mémoire perceptive, liée à nos cinq sens, joue un rôle crucial dans la façon dont nous interagissons avec notre environnement.

La fixation d’un événement traumatique ou significatif dans notre mémoire résulte de l’association de ces différents types de mémoire. Cet engramme mémoriel peut devenir si prégnant qu’il entraîne une saturation, se manifestant physiquement sous forme de lésion.

Cette saturation mémorielle génère un influx nerveux constant, que l’on ne peut évacuer que par des contractions musculaires. Ces contractions, loin d’être anodines, tendent à bloquer la région corporelle concernée, créant ainsi la lésion ostéopathique. La douleur ou la gêne ressentie n’est donc pas simplement un symptôme physique ; elle est le reflet d’un déséquilibre plus profond, un écho d’une mémoire saturée qui réclame attention et soin.

Pour traiter cette lésion, l’ostéopathie propose une technique de dissociation, reliant la zone corporelle affectée à la zone de mémoire saturée. Ce processus délicat vise à accompagner le corps et l’esprit vers un point critique, franchissant ainsi le seuil de saturation pour créer un nouvel équilibre. Il s’agit d’un dialogue intime entre le praticien et le patient, où chaque mouvement, chaque toucher est guidé par une compréhension profonde de l’interaction entre la mémoire et le corps.

En conclusion, ce voyage à travers la mémoire, les neurosciences et l’ostéopathie, nous dévoile une vision holistique de la santé, où le corps et l’esprit s’entremêlent dans une danse complexe et harmonieuse. En tant qu’ostéopathes, nous ne sommes pas que de simples soignants du physique ; nous sommes à l’écoute des mémoires corporelles.

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En poursuivant cette exploration, nous, ostéopathes, avons l’opportunité unique de toucher non seulement les corps de nos patients, mais aussi leurs histoires, leurs expériences, leur essence même. C’est là où réside la véritable magie de notre pratique, dans cette capacité à lire et à soigner les récits inscrits dans la trame de l’être.

Bruno Mitaine, Ostéopathe DO