Dans notre exploration continue du corps humain et de ses mystères, nous avons souvent tendance à compartimenter ses fonctions, attribuant à chaque organe une tâche spécifique et bien définie. Pourtant, cette vision segmentée ne saisit qu’une facette de notre complexité biologique. La notion de mémoire tissulaire nous invite à repenser cette approche, en révélant les intrications profondes entre nos émotions et notre physiologie. Cet article sert d’introduction à une série qui explorera en détail les fascinantes implications de cette interconnexion.

La mémoire tissulaire suggère que nos tissus corporels ne se contentent pas de remplir des fonctions physiologiques ; ils agissent également comme des réceptacles pour nos expériences émotionnelles non résolues. Lorsqu’un événement marque notre esprit mais ne peut pas être intégré, exprimé et traité, notre système neuronal cherche une échappatoire à ces énergies latentes. En l’absence d’un traitement conscient, le corps opte pour une solution de dérivation, autrement dit les influx générés vont être redirigés vers des organes susceptibles de les dissiper, tels que l’intestin, l’œsophage, l’estomac, le foie, les poumons pour ne citer qu’eux, à travers une augmentation de leur tonus pour les organes musculaires et de leur densité pour les organes tissulaires.

Ce processus de dérivation n’est pas uniforme et s’étend à l’ensemble du corps, chaque organe présentant des spécificités qui influencent sa propension à être choisi comme canal de dérivation. Ainsi, les émotions profondément ancrées ou persistantes peuvent amener certains organes, tels que le cœur ou les reins, à participer activement à ce mécanisme de dissipation émotionnelle. Cette dynamique nous éclaire sur les origines possibles de diverses pathologies organiques et met en lumière le rôle potentiel des déséquilibres émotionnels dans leur genèse.

Des recherches menées par des auteurs renommés dans le domaine, tels que Michel Odoul ou Jacques Martel, offrent une validation physiologique à ces observations sans pour autant en expliquer l’origine. Elles mettent en avant la manière dont certaines émotions spécifiques tendent à cibler des organes particuliers, soulignant l’importance d’une approche holistique dans le traitement des maladies, qui considère l’individu dans sa totalité – corps, esprit et émotions.

Face à ces connaissances, il devient évident que l’ostéopathie, en tant que pratique, doit embrasser une compréhension plus riche et intégrée de l’être humain. En tant qu’ostéopathes, nous sommes invités à utiliser notre intuition et notre sensibilité pour détecter et traiter ces blocages émotionnels, entrant ainsi en résonance avec la complexité de nos patients. Cette synchronisation, loin d’être une simple technique, est une voie vers la libération de tensions profondément ancrées, sur les plans à la fois physique et émotionnel.

Dans les articles à venir, nous plongerons dans les spécificités anatomiques et fonctionnelles des organes impliqués dans la mémoire tissulaire, offrant ainsi un éclairage sur les mécanismes par lesquels les émotions refoulées peuvent influencer notre état d’être. Nous explorerons également les approches thérapeutiques susceptibles de supprimer ces dérivations émotionnelles, dans le but de restaurer l’équilibre et de faciliter une guérison profonde et holistique.

En conclusion, cette introduction à la série d’article sur la double fonction des organes et son impact sur notre santé ouvre des perspectives thérapeutiques prometteuses. L’ostéopathie, avec sa capacité unique à traiter l’individu dans son intégralité, se révèle être un outil précieux dans l’arsenal thérapeutique moderne. Restez à l’affût de nos prochaines publications, qui enrichiront encore un peu plus notre compréhension de la complexité humaine.

Bruno Mitaine, Ostéopathe DO