Le volet crânien de l’ostéopathie se focalise sur l’un des éléments les plus remarquables de l’anatomie humaine : le crâne. Cette structure complexe, bien plus qu’une simple boîte osseuse, joue un rôle crucial dans la protection des organes neurologiques essentiels tels que le cerveau, le cervelet et le tronc cérébral. Sa conception ingénieuse, alliant robustesse et délicatesse, en fait un véritable trésor d’ingénierie naturelle.

La structure du crâne, avec sa voûte, sa base et sa face, est formée de divers types d’os. Ces os, articulés par des sutures dentelées ou en biseau, offrent une résistance remarquable tout en conservant une certaine capacité d’adaptation aux pressions et mouvements.

À la naissance, la majorité de ces os sont cartilagineux, avec des noyaux d’ossification en leur centre. Cette flexibilité permet aux os de la voûte de se chevaucher légèrement lors de l’accouchement, réduisant le diamètre du crâne pour faciliter le passage tout en protégeant son précieux contenu.

Avec la croissance, les sutures du crâne se densifient et s’ossifient complètement suivant certains auteurs. Malgré cela, elles conservent une certaine élasticité. Cet aspect est crucial pour l’approche ostéopathique, car il suggère une mobilité subtile au sein du crâne, bien que ces micro souplesses soient souvent mal comprises ou mal interprétées.

L’approche crânienne en ostéopathie, initiée par les travaux de Sutherland, un disciple d’A.T. Still, fondateur de l’ostéopathie, considère que les os du crâne ne sont pas statiques, que le crâne n’est pas une coquille osseuse mono bloc. Sutherland, après une étude minutieuse des sutures, a proposé que ces os présentent une mobilité en réponse aux mouvements des fluides intracrâniens. Cette hypothèse a ouvert la voie à des techniques ostéopathiques pour libérer la mobilité des sutures crâniennes, une idée révolutionnaire à l’époque.

En plus du travail des sutures, cette approche a ouvert la voie aux pratiques dites intra-osseuse, qui propose un travail au sein même de la structure osseuse, particulièrement sur les os plats comme ceux de la voûte crânienne ou sur les os long comme le péroné.

Cependant, l’utilisation d’un langage inadapté, exagéré ou trop technique parmi les ostéopathes a souvent conduit à des malentendus, en particulier avec le corps médical. Lorsque les ostéopathes parlent de mouvement des os du crâne, ils font généralement référence à une élasticité osseuse et à des micro-mobilités, à des échanges au niveau cellulaire, plutôt qu’à des mouvements osseux manifestes. Cette distinction est fondamentale pour comprendre la pratique ostéopathique, éviter la confusion et par la même, le rejet.

Voici un exemple qui symbolise cette confusion : Un aspect fascinant de l’évolution humaine est la tendance à la flexion de la symphyse sphéno-basilaire (SSB), un processus observé depuis nos ancêtres lémuriens il y a 65 millions d’années jusqu’à l’Homo sapiens moderne. Cette flexion se fait en 5 paliers majeurs et s’accompagne d’une avancée du trou occipital, qui nous a menés à la bipédie permanente. Ce même trajet vers la flexion de la symphyse sphéno-basilaire est également présent dans le développement fœtal jusqu’à la fin de la croissance. On est en droit de penser que ce phénomène est présent tout au long de la vie et ce depuis ces fameux lémurien. C’est cette poussée permanente vers la flexion sur des millions d’années qui a déclenché les 5 stades de flexions. Il y a bien une tendance à la flexion rythmique de la SSB, avec son corolaire : l’extension. Toute entrave à la tendance vers la flexion naturelle ou à la micro-mobilité de la SSB peut se manifester par divers symptômes, soulignant l’importance d’une approche fine et à la connaissance de ces phénomène et adaptative.

Face à ces perspectives, certains ostéopathes suggèrent d’abandonner l’approche crânienne, arguant que les os du crâne ne présentent pas de mobilité significative. Toutefois, avant de tirer des conclusions hâtives, il est crucial de se mettre d’accord sur le langage utilisé et de se consacrer à une étude approfondie de l’art de palper et de ressentir, de prendre le temps d’apprendre à apprendre.

C’est en prenant le temps de comprendre et de pratiquer dans le calme et la patience que nous pouvons véritablement statuer sur la validité de l’approche crânienne en ostéopathie.

Pour ceux qui cherchent à approfondir leur compréhension d’une ostéopathie véritablement globale et à explorer ses subtilités, nous vous invitons à notre prochain séminaire. Cette rencontre sera l’occasion de partager des connaissances, de développer des compétences et de plonger dans les profondeurs de cette pratique captivante.

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Bruno Mitaine, Ostéopathe DO