Depuis les années 60, en France, l’ostéopathie courre après une reconnaissance bien méritée. Heureusement et malheureusement, ce sont les instances médicales qui font office de juge.

Heureusement, car la profession s’est organisée, l’enseignement s’est uniformisé et objectivé.

Malheureusement, car pour obtenir l’aval des instances médicales, l’ostéopathie a perdu de sa spécificité en se calquant sur la médecine.

Rappelons qu’aucun diagnostic ostéopathique ne peut se faire sur de l’imagerie ou de la biologie. Combien de fois avez-vous libéré une névralgie sciatique alors même que l’image de hernie discale n’avait pas évolué entre deux séances ? Combien de douleurs au talon libérées par un travail de la fosse pelvienne, malgré une radio évidente d’épine calcanéenne ! Le diagnostic médical est un véritable piège pour nous.

Alors, sur quoi repose la prise de décision en ostéopathie ?

Notre instrument d’investigation à nous ostéopathes, est bien plus puissant que l’ensemble des ordinateurs de ce monde ! Il combine un organe du touché, quatre autres sens aux aguets, une capacité d’analyse en direct, une possibilité infinie d’échanges, une base de données abyssale, des systèmes de tri incroyables.

Et c’est bien dans les systèmes de tri que se pose le problème. Parmi ces milliards de milliards d’informations, comment retenir celles qui nous seront utiles? Celles qui nous viennent de notre exploration de celles que notre esprit est capable de créer sous influence. Comment capter une information, jugée impossible par notre apprentissage, et pourtant bien présente sous nos doigts ?

Suite au formatage essentiel vers lequel nous amènent nos études, il devient nécessaire de libérer nos systèmes de tri. Cela passe par un acteur formidable : L’intuition.

Simple en apparence, mais derrière elle se cache toute la complexité du vivant. La manifestation de l’intuition est le résultat de tout notre apprentissage, savamment ordonné, organisé et stocké, disponible à tout instant et ce, quasi instantanément !

L’intuition peut être vue comme une caractéristique subjective en ce sens qu’elle n’est pas objectivable au sens médical du terme. Pour nous, ostéopathe, c’est notre principal outil de diagnostic, autrement plus puissant et rapide que la réflexion ou l’application de protocole stricte. Encore faut-il l’entrainer, la travailler et apprendre à l’écouter.

La médecine a fait d’énorme progrès en se libérant de l’intuition et en se tournant vers l’objectivable. Nous en profitons chaque jour. Notre travail, maintenant, consiste à utiliser nos ressources en associant notre intuition à nos connaissances. Ceci est valable en ostéopathie mais également dans quasiment tous les domaines.

Bruno Mitaine, osteopatheDO